Il y a un an, ma mère m’a raconté l’avortement qu’elle avait vécu 30 ans auparavant. Avant cela, elle avait toujours gardé le secret au sujet de cet évènement, par peur d’être jugée et de décevoir sa famille. Elle venait de terminer sa période de formation dans la Royal Air Force quand elle s’est rendue compte qu’elle était enceinte. Jusqu’à la fin des années 90, la politique de la Royal Air France était de renvoyer les femmes pour raison de grossesse. Le seul choix pour ces femmes était soit de mettre fin à leur grossesse, soit de perdre leur travail.
Au Royaume-Uni, 5700 femmes militaires au total furent licenciées des forces armées à cause de leur grossesse entre 1978 et août 1990. Il leur était dit qu’elles avaient la possibilité de candidater à nouveau à leur poste après la naissance de leur enfant; elles n’avaient cependant pas de droit de retour sans processus de candidature. Dans les faits, seulement 22 femmes militaires furent réintégrées après leur congé maternité dans cette période de temps. Le Ministère de la Défense finit par verser plus de 50 millions de compensations à toutes les femmes qui avaient été licenciées du fait de leur grossesse avant le mois d’août 1990.
Ce projet explore la décision difficile que beaucoup de femmes militaires eurent alors à prendre, en se référant à l’expérience personnelle de ma mère pour m’aider à mieux comprendre la complexité de la situation qui entoure la grossesse dans les forces armées. Je me suis servie de ce travail comme une façon pour ma mère de s’ouvrir enfin au sujet de son avortement, et de l’aider à se débarrasser de la culpabilité qu’elle porte; cela m’a amenée à mieux comprendre notre relation.