Charlotte David

'Tiens-toi droite'

Atelier de Sèvres (France) - Prépa


Biographie


Instagram: @by.tcha

Charlotte David, originaire du Canada français, est actuellement étudiante à l’Atelier de Sèvres. Elle envisage de poursuivre ses études en licence aux Gobelins dès l’année prochaine. C’est entre ses 9 et 12 ans, lorsqu’elle résidait à Londres, qu’elle a ressenti pour la première fois le besoin de créer des images. Cette ville lui était totalement étrangère, bien différente de Poissy où elle avait grandi. Ne maîtrisant pas la langue à cette époque et étant dyslexique, elle s’est naturellement tournée vers la photographie pour s’exprimer sans contraintes. La photographie lui offre une nouvelle perspective sur le monde, lui permettant de percevoir la beauté potentielle en toute chose.

Le projet


«J’ai porté un corset pendant 3 ans jour et nuit, de l’age de 13 à 16 ans.

Il y a quelques mois, je me suis questionnée sur cette experience et mon vécu: Quel a été l’impact d’avoir mon corps « contraint », « coincé » pendant tant de jours, sur ma perception de celui-ci, l’image que je m’en fais, la façon dont je le représente? Quel a été l’impact de ce corset à l’heure de mon adolescence, à un moment de changement rapide, d’appropriation de l’image de mon corps où l’apparence est un sujet à part entière?

Même si cet objet a changé ma vie, m’a permis de me tenir droite, mon corps est devenu un « non-sujet ». J’en avais honte, il fallait le cacher.

J’ai voulu traduire cela en image et l’ouvrir a une interpretation plus large. Je voulais que ma série parle à d’autres, ouvre à d’autres sensations: Comment les normes, les standards, nous altèrent la vision de notre corps entravé, nous fait détester notre temple? On se sent contraint, enfermé, maltraité.

Dans ma série de photos, en créant des orthèses non conventionnelles et peu pratiques, j’ai trouvé un moyen de représenter cette souffrance. Le corps est entravé, sa mobilité est restreinte par des objets absurdes. Cette forte contrainte physique induite par des orthèses évoque les insécurités que nous pouvons éprouver au sujet de notre corps. 

J’ai voulu que les morceaux de bois, de metal, de tissus… soient perçus comme une métaphore de la contrainte physique ou mentale sur notre corps.

J’ai voulu créer des corps sculpture, comme figés dans le marbre. Je me suis inspiré des representations de Saint Sébastien pour le premier dytique de la deuxième page: les corps sont rompus, assemblés, courbés, en duel avec eux mêmes.

Je me suis aussi inspirée de l’imagerie medical du début du 20eme siècle, faisant référence aux gueules cassées après la premiere guerre mondiale. Je voulais que le fond du drap ne soit pas lisse, que les imperfections soient visibles. Les contrastes étaient également importants pour que la lumière mette en avant certaines parties des images et viennent contraster d’autres. 

Le choix du format noir et blanc m’a permis d’accentuer la distance et la froideur, pour représenter une partie de ma vie qui manquait de couleurs.»

Photographie issue du projet  'Tiens-toi droite' par Charlotte David

Photographie issue du projet  'Tiens-toi droite' par Charlotte David