Kairo Urovi, artiste résidant à Londres, explore les concepts d'identité, d'appartenance et de diaspora familiale dans ses œuvres. Titulaire d'une licence en photographie du London College of Communication, l'approche artistique de Kairo est basée sur la communauté. Ses œuvres ont été exposées dans diverses galeries d'art de Londres, notamment Autograph ABP, RichMix et Free Range. Transgenre lui-même, Kairo s'intéresse à la création de nouvelles archives queer et à la culture d'un réseau de soutien d'artistes visuels qui remettent en question les récits souvent préjudiciables propagés par les médias.
KAIRO UROVI
FINALISTE CARTE BLANCHE ÉTUDIANTS 2023
UNIVERSITÉ DES ARTS DE LONDRES - ROYAUME-UNI
BIOGRAPHIE
Light are the wounds heavy is the wind
Light are the wounds heavy is the wind
Light are the wounds heavy is the wind
LIGHT ARE THE WOUNDS HEAVY IS THE WIND
« Light Are the Wounds Heavy Is the Wind est une œuvre qui explore mon voyage de retour dans mon pays d'origine, l'Albanie, et les défis auxquels j'ai été confrontée en tant que personne homosexuelle et transgenre dans ce pays.
En décembre dernier, je me suis rendu dans la ville natale de ma famille, Shkoder. Ici, je me suis débattu avec la dichotomie de la langue. La langue est un moyen de se faire connaître, de distinguer le noir du blanc, de former une identité qui détermine qui vous êtes et comment les autres vous reconnaissent. Au Royaume-Uni, je m'appelle Kairo et mes pronoms sont he/they. En Albanie, j'ai la langue bien pendue : la langue devient un champ de mines que je traverse avec précaution, tous les sens en éveil, sans droit à l'erreur. La peur m'envahit et je me replie sur une langue que j'ai oubliée depuis longtemps. Pendant un mois, je n'entends pas mon nom prononcé à voix haute.
La réalité partagée entre les gens qui me perçoivent comme l'"ancienne" moi et l'identité que j'ai lutté si durement pour incarner et maintenir se reflète dans ce corpus d'œuvres. Je me complais dans ma propre souffrance et je n'ai d'autre choix que de retrouver ma voix par le biais d'un autre médium : la création d'images. Ici, je suis en sécurité. Ici, je parle de la douleur tout en rassemblant le courage de me retrouver. Grâce à ce travail, je comprends que l'appartenance devient un fil que je porte en moi plutôt que les espaces physiques que j'habite.
Light Are the Wounds Heavy Is the Wind est le résultat de ce voyage. Dans ses profondeurs, les émotions complexes de déplacement, de solitude et d'isolement, qui découlent du fait d'être perçue comme une fille, une nièce et une petite-fille, occupent le devant de la scène. Dans ce contexte, l'obturateur de l'appareil photo transcende son rôle de simple instrument et devient une source d'autonomisation, tout en capturant la nostalgie douce-amère et le désir ardent de ma propre visibilité. Cet ensemble d'œuvres est ma façon de dire que je suis là. Non pas en dépit du chagrin, du silence, de l'absence de mots et des noms morts, mais grâce à eux. C'est mon histoire sur le deuil autant que sur la recherche de l'amour dans ce deuil. Pour tout ce que je n'ai pas pu dire avec des mots, j'ai trouvé un moyen de le dire avec des photographies. »