Comment en êtes-vous venue à la photographie ? Vous définissez-vous comme photographe ?
J’ai commencé à m’y intéresser au moment où j’ai réalisé que la photographie était un outil essentiel, faisant partie de ma formation d’artiste. Ce que j’ignorais, c’était combien de temps j’allais passer à pratiquer cette discipline, et que j’allais l’utiliser comme un véritable outil artistique !
Je me définis, en général, comme une artiste. Et, bien qu’on puisse penser l’inverse, j’ai passé plus de temps à peindre qu’à photographier durant mes heures de travail.
Quels sont vos engagements dans votre pratique photographique ?
Mon travail est inspiré par ma vie. C’est ma philosophie, représentée en images. J’illustre des concepts comme l’amour – dans la photo El Beso par exemple – ou bien la mort dans Madrid, une image dans laquelle une femme se tient devant un décor, en souriant, sortant une pièce de steak d’une boîte.
Est-il légitime de parler d’un regard de femme dans la photographie ? Vous sentez-vous concernée ?
Je ne m’intéresse pas aux enjeux liés à la notion de genre, dans mes créations artistiques. Parfois, on peut penser qu’une œuvre a été réalisée par un homme alors qu’il s’agit d’une femme, et inversement. Les artistes qui se mettent eux-mêmes en scène peuvent être intéressés par cette vision… En revanche, pour moi, tout travail est un autoportrait.
Votre statut de femme a-t-il, ou a-t-il eu, une influence sur votre statut d’artiste ?
Je ne crois pas. Au début de ma carrière, personne ne savait qui était Ouka Leele, qui se cachait derrière ce nom. Depuis les célébrations du 8 mai, et le développement de la notion de “discrimination positive”, tout a empiré. Mon combat et mon intention ont toujours été de participer autant à la vie culturelle en tant qu’homme que femme.
Vivez-vous de votre art ?
Complètement et exclusivement – pour le meilleur ou pour le pire, parfois. Mais j’ai toujours été capable de payer mes factures et d’avoir à manger tous les jours, bien qu’au début, lorsque j’habitais à Barcelone, j’ai dû aller chercher quelques repas gratuits à Hare Krishna [NDLR, une association internationale distribuant gratuitement de la nourriture végétarienne].
Quels sont les auteur(e)s qui vous inspirent ? Parmi eux/elles, y a-t-il des femmes photographes ?
Je pense à plusieurs femmes artistes et peintres : Frida Kahlo, Artemisia Gentileschi, Georgia O’Keeffe…
En photographie, je suis inspirée par Man Ray.
En peinture, par William Blake, Odilon Redon, Leonardo, Corot, Velázquez, Emil Nolde… Oh et David Hockney.