Vous avez beaucoup voyagé – en Afrique du Sud, en Angleterre, en Zambie… – comment ces périples ont-ils influencé votre manière de voir le monde ?
Je ressens au fond de moi le dilemme d’être une Africaine blanche, et cela me permet de mieux appréhender les ambiguïtés qui composent l’être humain.
Vous avez travaillé avec la photographie, la vidéo, le son, le dessin, mais aussi la pyrotechnie. Pourquoi utilisez-vous autant de médiums ?
Je ne les perçois pas comme des médiums différents les uns des autres. Ce sont tous des catalyseurs qui prennent, d’une manière ou d’une autre, le rôle de portails pour explorer le miraculeux.
Quelle est votre vision de la performance ?
La performance est un pont qui permet à l’art et à la vie de coexister.
L’art doit-il être une expérience globale, qui inclue tous les sens ?
L’art devrait réveiller notre sixième sens : l’intuition, la conscience d’être conscient.
Vous avez déclaré « l’art peut-il interroger la pensée patriarcale qui domine notre culture depuis des siècles ? » Comment percevez-vous les regards féminins et masculins ?
Je pense que la prise de conscience contemporaine autour des notions de genre et de leur fluidité interroge et redéfinit actuellement ces regards.
Vous considérez-vous comme une artiste féministe ?
J’ai changé d’avis par rapport à une déclaration que j’avais faite en 1973.
Non, je ne le suis pas. Je suis incapable de poser une étiquette sur ce que je suis. Je suis convaincue que ces étiquettes sont la cause sous-jacente de tous les comportements agressifs et combatifs du monde… Même les groupes les plus radicaux et réfléchis sont en fait conservateurs.
Quelles femmes artistes vous ont inspiré ?
Dernièrement, j’ai été inspirée par Agness Yombwe, une artiste zambienne venue de ma ville d’origine, Livingstone. Elle a inventé les « villages créatifs » en partant de rien, durant la pandémie, pour soutenir et galvaniser les populations locales. Il s’agit d’un projet utopique à la fois courageux, osé, passionné et visionnaire.